Lune blonde

 

Le vent soufflait, hurlait.
Cinglant, fouettant, ses cheveux sur son visage.
Elle fuyait,loin des fureurs de la ville,
de ces entrailles vivantes,loin,toujours plus loin.
Les fuir à tous prix. Mais elle hésitait.
Ses pas trébuchants, ne savaient où la guider.

Et cette pluie.

Froide, insistante,
glisse lentement dans son cou.
Frissons glacés.

Les mains crispées, au fond des poches,
comme pour protéger, tout contre son ventre.

Où sourd la douleur.

Et elle trébuche,
derrière ses lunettes noires, des larmes amères.
Flots à la dérive,
se mêlant à la pluie qui s'est faite sauvage.
Dans sa tête les halètements, bourdonnent, effrayants.
Son ventre se tord, vibrant sa haine.

Les halètements, toujours là, sirènes hurlantes dans sa tête.
Ne plus être, ne plus ressentir.
Seulement où trouver l'apaisement.

Halètements, là toujours.
La ville qui gueule et qui ne voit rien.

Regards détournés.

Elle fuit, court, tendue.
Perdue, dans la nuit sombre, qui l'aspire.
L'arc tendu, tel un fil, casse et elle s'écroule,
secouée de tremblements.

Toujours ces douleurs.

Qui labourent, griffent son ventre, transpercé.
Se laver, enlever cette souillure, ce liquide,
brûlant, qui coule, là entre ses jambes.
Epave, broyée, elle se relève.
Toujours ses lunettes noires,
comme pour être fondue avec les ombres.
Au loin, les eaux sombres d'un lac,
enlever cette saleté d'elle.
Et elle va à sa rencontre, se purifier.

Elle avance,
l'onde, bienfaisante, inonde son corps, toujours plus loin.
Ne reste bientôt plus qu'une étrange lune blonde ….

 

Olga Guyot




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